Siegfried - I Am not INSANE!!!

“ Votre fils souffre de dédoublement de la personnalité. “

La femme mit sa main devant sa bouche, outrée.

“D-Docteur, ne-ne faites pas de telles plaisanteries !“ De ses lèvres s’échappa un rire nerveux, alors que ses yeux imploraient le psychiatre de lui dire qu’en effet, il plaisantait. “Je vous en prie…“ Elle semblait au bord des larmes.

Dr Lloyds psychiatre de renom – regarda la femme d’un air grave.

J’aimerais plaisanter, Mrs Edelstein. ““ Son ton restait cependant distant, comme celui de tous les psychiatres.
Il restait de marbre, comme devant toutes ces mères auxquelles il avait annoncé bien pire. Mais bien sûr, s’occuper des “fous“ ne voulait pas dire être une créature sans sentiments, c’est pourquoi il posa sa main sur l’épaule de la pauvre dame.

“Ne vous en faites pas, c’est une pathologie plus fréquente qu’on peut le penser. Cependant, je dois vous avouer que le cas de votre fils est grave : ne pas avoir conscience de ses facettes est souvent le résultat d’un traumatisme dont l’élément traumatique déclencheur a été oublié pour éviter le breakdown ; dans ce cas, la seconde personnalité ressort pour protéger la première du souvenir oublié qui a causé le traumatisme. C’est la dernière qui porte le souvenir, et pas la première. Vous comprenez, Mrs Edelstein ? “

La pauvre femme secoua timidement la tête, se sentant d’un coup très idiote. Le docteur sourit pourtant avec douceur à la mère :

“ Pour faire simple, votre fils a du subir un traumatisme durant son enfance. Et cette seconde personnalité s’est créée pour séparer le souvenir de la conscience de votre enfant. Pour le protéger. Vous comprenez ?“

Mrs Edelstein hocha la tête, cette fois.

“Mais dans ce cas, docteur, qu’y a t’il de grave ? “

“En soit ? Rien. Il pourrait très bien vivre ainsi sans vrais problèmes si il n’y avait pas un seul petit détail qui fâche, “ il fit une pause, tapotant avec compassion l’épaule de sa vis-à-vis, “… La seconde personnalité de votre fils est extrêmement violente et instable ; cela est plus que plausiblement du au traumatisme qu’il a subit. “

La lueur d’espoir qui était apparue plus tôt dans les yeux de la femme s’éteint brutalement, si bien que les larmes menacèrent encore une fois de rouler sur ses joues rosée – elle était plutôt jeune pour une mère d’un jeune homme de la vingtaine, ou du moins elle le semblait. Elle baissa la tête

“ Ne peut-on rien faire ?“

“ Nous pouvons essayer de faire accepter à votre fils son traumatisme. Ce ne sera pas simple, mais nous pouvons essayer. “

Soudain la mère retrouva un faible sourire, hochant la tête. Elle se ressaisit et réajusta son chemisier, lissant la veste de son tailleur. Elle était prête à tout faire pour ‘guérir’ son fils. Voyant qu’elle était prête, le Dr Lloyds se racla la gorge et se rassit à son bureau.

“Mrs Edelstein, pourriez vous me conter l’enfance de votre fils ? C’est plus que plausible que le traumatisme vienne de cette période. “

La femme ravala sa salive et se réajusta dans son siège avant de commencer son récit :

“ B-Bien. Eh bien… Siegfried est né peu après notre départ de l’Autriche vers l’Ecosse. Il n’a jamais vécu dans notre pays d’origine. Mais nous voulions absolument qu’il garde une trace de notre pays, alors depuis tout petit, à la maison, nous lui parlions en Allemand. Depuis tout petit, il est bilingue. Mais je doute que ce soit très pertinent, non ? “

“ Continuez. “

“ Siegfried a grandi assez sainement, je pense. Il n’avait pas vraiment de problèmes. Mis à part à l’école… Après tout, les enfants n’aiment pas ce qui est différent. Il a souvent été victime de moqueries, et même parfois de violence, à cause de ses yeux. Vous avez remarqué, n’est-ce pas docteur ? Il a les yeux verrons. Comme son père… Mais mis à part ceci… Je ne vois rien qui puisse être traumatisant… “

“Continuez, dites moi tout ce dont vous vous souvenez. La perception des enfants est différente de celle des adultes, il se peut que l’évènement eu été traumatisant pour lui, alors qu’un adulte n’y aurait pas prêté plus d ‘attention que ça. “

“D-D’accord, docteur. Nous avions un chien. Il s’appelait… Attendez… Benji ! Voilà, Benji. Siegfried l’aimait beaucoup. C’était un beau berger allemand, bien dressé. Seulement… Un jour il a disparu. Nous ne l’avons jamais retrouvé, Sieg’ était très triste et frustré… Après… Il s’est fracturé trois côtes alors qu’il vadrouillait dans la forêt près de chez nous, quand il avait neuf ans. Il était tombé dans la rivière et avait été emporté par le courant contre des rochers. Nous l’avons retrouvé grelottant, il avait tellement pleuré que les larmes ne sortaient plus… Nous l’avons vite amené à l’hôpital… Il a eu très mal et il semblerait que le personnel n’ait pas été des plus délicats avec lui… Depuis, vous l’avez sûrement remarqué, il a beaucoup de mal avec le personnel médical. Vous pensez que c’est la cause de sa maladie ? “

“ Hmm…  c’est possible, mais cela me paraît un peu trop violent comme réaction à seulement une douleur physique… Continuez, je vous prie. Si possible, détaillez moi aussi son adolescence.“

“B-Bien… A l’adolescence… Il est devenu plus distant. Nous nous entendions toujours très bien, lui et moi… Mais il commença à s’accrocher un peu avec son père… Rien de grave, comme tous les garçons de cet âge. Mais une fois, ils se sont presque battus… Il a commencé à se calmer à partir de ce moment… Mais depuis, il ne parle presque plus à son père. Après ceci… Je n’ai plus rien a vous raconter. Cet enfant a plutôt eu une vie normale jusqu’ici. Vous voyez un traumatisme ? “

“Franchement, je ne vois rien qui puisse VRAIMENT être une facteur traumatique. Mais cependant, il est évident que vous ne sachiez pas tout. Vous n’êtes pas avec lui à chaque instant de sa vie. Je vais essayer de faire du mieux que je peux, Mrs Edelstein.“

Le docteur se leva et raccompagna la pauvre femme vers la sortie, après avoir agendé un rendez-vous avec son fils.

Soudain elle se retourna.

“Docteur !! Je viens de me souvenir de quelque chose ! Quand il était petit, Siegfried nous parlait souvent d’un certain Wilfried. Comme quoi “Wilfried faisait si, faisait ça… “… Mais du jour au lendemain, ce fut comme si ce garçon n’avait jamais existé. Nous lui avions demandé un jour si il voulait l’inviter à un gouter, vu qu’il semblait si bien s’entendre avec lui, mais… Siegfried nous répondit qu’il ne connaissait pas de Wilfried. Nous lui avons dit qu’il en parlait si souvent, mais… Il semblait ne se souvenir de rien. Mais je doute que cela vous aide, non ? “ Elle rit un peu nerveusement et monta dans son taxi, laissant le médecin bouche bé. Wilfried était le nom de la seconde personnalité du jeune homme.


“Vous êtes atteint d’un dédoublement de la personnalité ainsi que de paranoïa légère.“

“Je vous demande pardon ?“ Deux yeux verrons fixèrent le psychiatre, avant de reprendre “ JE vous ais dit que JE N’ETAIS PAS FOU des centaines de fois !“

“C’est ce qu’ils disent tous, Mr Edelstein. Et j’en profite pour ajouter, que vous n’êtes PAS fou, vous souffrez juste d’une petite pathologie. “ Dr Lloyds s’exaspéra du comportement de son patient.

“Même chose. “

“C’est faux.“

Le reste de la séance ne fut pas fructueuse du tout. Tout comme toutes les séance des quatre années qui suivirent. Siegfried ne faisait pas de progrès, tout au contraire il se braquait. Si bien que le psychiatre renonça. Il convoqua à nouveau la mère de son patient. Mais ce ne fut pas elle qui se rendit au rendez-vous. Ce fut… Son père.

“…“ Cet homme examina le médecin avec un regard froid avant de se prononcer “ Vous avez bien caché votre jeu. Vous et mon épouse. Mon fils est diagnostiqué fou et va voir un psychiatre depuis quatre ans et je n’en savais rien.“

Dr Lloyds haussa un sourcil.

“Veuillez m’excuser mais je l’ignorais. Votre épouse ne l’a jamais mentionné. Nis votre fils. Pas qu’il mentionne grand chose, cependant.“

Le père frappa le bureau violemment avec son poing.

“Et il parait que vous ne pouvez même pas faire quelque chose ?“

“… Malheureusement, pas avant que je trouve la cause du traumatisme qui a provoqué le dédoublement de personnalité de votre fils.“

“Internez le.“

“Je vous demande pardon ?!“ Le docteur faillit s’étouffer.

“Je n’ai pas besoin d’un fils fou. Envoyez le le plus loin possible. Ce n’est plus mon fils.“ Le docteur tenta de protester mais le père le coupa net “ ou vous pouvez dire au revoir à votre clinique et carrière.“
C’est là que Dr. Lloyds se rappela que cet homme était malheureusement un politicien.


‘Dossier n°374, Patient Siegfried Edelstein, sent to : NORTHANGER ASYLUM’

‘Dossier n°374, Patient Siegfried Edelstein.’
Les yeux du stagiaire s’attardèrent sur une chemise de papier verte qui trônait sur le bureau de son patron, Monsieur Lloyds. Ce denier était un psychiatre de renom, et être son apprenti était un grand honneur pour le jeune George Brent. Regardant autour de lui pour être sûr de ne pas se faire prendre en train de briser le secret médical, George ouvrit le dossier. Pourquoi le faisait-il ? Bonne question ; peut être était-ce parce que le fait de trouver le dossier d’un patient étranger sur le bureau du docteur l’avait intrigué. Mais bref, le jeune homme ouvrit la pochette et commença à lire. Il trouva tout d’abord une photo, à la quelle il ne prêta guère attention, son but n’étant pas d’identifier le concerné mais sa « pathologie ».
Il trouva ensuite un petit résumé sur le patient, une sorte de petite introduction, à propos de son caractère :

‘ Siegfried Edelstein, 23 ans. Il semble avoir une certaine répulsion pour les médecins –et tout ce qui porte une blouse blanche  par ailleurs. Ce phénomène mène à un comportement froid, anxieux et revêche devant les agents de la médecine. Selon un rapport de l’hôpital de Edinburg – où le patient fut hospitalisé suite à un accident domestique – ses réactions face au personnel médical sont brusques et frisent la violence.
Pourtant, devant sa famille, le patient semblait plus jovial et vivant. Selon ses proches parents, il serait une personne douce et gentille, à condition qu’il s’ouvre à cette personne. Il serait prévenant, si il s’attachait vraiment.
Devant moi, son psychiatre, le patient n’exprime pas que de l’hostilité – bien que ce sentiment semble être le plus présent lors des entretiens - mais aussi de la timidité. Ce fut surtout exprimé lors des premières entrevues, pendant lesquelles il ne me regarda pas une seule fois. Selon la famille du sujet, il serait comme ça avec tout le monde. Mais en particulier avec la gente féminine.
Fin du rapport.’

Brent lut attentivement la description. Mais il n’était pas satisfait. Cette description était brève. Trop brève. Rien qui parlait de sa pathologie ! Il voulait savoir, dammit !
Feuilletant le dossier avec irritation, le jeune stagiaire trouva un second rapport. Celui-ci était à propos de ce qu’il cherchait : la maladie du patient. Se frottant les mains d’impatience, il s’installa parterre et lu avec curiosité le texte :

‘Quant à la pathologie dont souffre Siegfried Edelstein, il semblerait qu’il s’agisse tout d’abord de paranoïa ; en effet, le moindre bruit ou mouvement brusque semble lui arracher un sursaut, qu’il essaye tant bien que mal de réprimer. Tout ceci est agrémenté de constants allers et retours de droite à gauche de ses globes oculaires.
Mais plus que de paranoïa, Mr. Siegfried est atteint d’un dédoublement de la personnalité. En effet, il est arrivé qu’il ait un temps d’inertie, puis comme si il avait toujours été une autre personne, ses actions et attitudes changeaient du tout au tout.
Ceci sera détaillé dans un rapport dès que j’en saurais plus.
Fin du rapport.’
Il ravala sa salive. Quel dossier intéressant. Il ne regrettait pas de l’avoir ouvert ! Il tourna vite les pages jusqu’à trouver le rapport sur cette dite seconde personnalité :

‘ La seconde personnalité est enfin ressortie. Selon « lui », il répond au nom de Wilfried. Contrairement à l’autre, il est plus violent (similairement face au personnel médical) et semble avoir des penchants sadiques. En effet, il menaça -d’une façon très déplacée - une des infirmières présentes lors de la tentative de traitement de la dernière séance. Le dit- Wilfried cache toujours son jeu et ses intentions, mais il a avoué cependant qu’il n’essayait pas de cacher son existence à Siegfried. Celui-ci en aurait été conscient lorsqu’ils étaient enfants. Mais il aurait oublié et depuis il soutient ne pas être fou.
Cependant, je dois encore recueillir des informations sur le sujet.
Fin du rapport.’

Brent n’eu pas le temps de lire un autre rapport qu’il entendit des pas dans le couloir.  Il sursaute et rangea vite le dossier là où il l’avait trouvé.

Brent soupira en sortant du bureau de Mr.Lloyds. Il avait eu chaud. Un peu plus et son patron le trouvait en train de farfouiller dans ses affaires. Il devait vraiment perdre cette habitude de farfouiller partout si il voulait faire carrière dans la psychiatrie – ou dans une discipline médicale quelconque, d’ailleurs.
Bref, le jeune stagiaire se dirigea vers le parc de la clinique, décidant de faire une petite promenade, vu que le docteur l’avait congédié pour l’après midi. Il sortit, frissonnant joyeusement en sentant la petite brise automnale caresser son visage. Il avança gentiment dans les allées fleuries, regardant les érables et leurs feuilles écarlates se balancer dans le vent comme d’innombrables balanciers de pendules. Le jeune homme bifurqua pour aller s’asseoir sous l’un de ces arbres pour lire un livre – le génial ‘ L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau ’- quand il s’arrêta net. Sous cet arbre était déjà installé quelqu’un d’autre. Haussant les épaules, Brent s’installa à côté de l’inconnu, ouvrant son bouquin là où il s’était arrêté la veille au soir.
Au bout d’un moment, alors que le vent se levait un peu, le stagiaire laissa s’envoler, des pages ouvertes de son livre, son marque-page ; celui-ci alla se poser sur la personne qui dormait toujours près de lui. Le jeune homme se pencha pour récupérer son bien ; c’est à ce moment qu’il s’attarda sur l’apparence de l’autre homme.
Le dormeur ne semblait pas très grand ; 1 mètre 80 au plus – ce qui n’était plus si rare de nos jours. Il semblait assez bien battit – pas un machoman mais pas androgyne pour autant, juste ce qu’il fallait – et à travers son sous pull qui, selon George, était un peu trop petit, on voyait qu’il avait des muscles – notamment ses abdos – bien travaillés. L’inconnu portait des vêtements des plus communs : un sous pull noir à coup de tortue et sans manches (super utile, ce sous pull), un pantalon kaki rentré dans des bottes noires, et était froissée parterre à côté de lui une veste rouge orangé. Le stagiaire releva la tête après avoir fixé pendant un instant avec jalousie les abdos de son voisin pour regarder son visage endormi. Il aurait très bien pu ne pas s’y attarder. Mais vous l’avez sûrement compris, la curiosité était un vilain défaut de George Brent ; c’est pourquoi il fixa les traits de l’autre homme.
Il avait un visage aux traits bien définis, robustes, sans tomber dans la face carrée. Son nez remontait légèrement vers le haut, sans être vraiment retroussé. Bref, il était pas mal, son visage aussi. George, avec son visage et corps ordinaire se sentit un peu complexé par ce type.
Son regard remonta vers les cheveux du dormeur ; des cheveux roux tirant plus vers le rouge que le orange. Couleur naturelle ? A vrai dire, il avait du mal à décider ; ils n’avaient pas l’air teints, avec ces reflets semblant bien naturels, mais en même temps… Ils étaient bien rouges. Peut être que les feuilles de l’érable intensifiaient la chose, aussi. Mais bref, passons ; sa chevelure était plutôt courte, mais semblait un peu… en bataille ? Ou bien était-ce seulement une impression causée par cette grosse mèche de cheveux qui partait dans le mauvais sens sur sa tête ? Peut être. Et à vrai dire, Brent s’en fichait un peu, ce n’était pas comme si il allait faire connaissance avec lui.
Une fois son observation terminée, George retourna à sa lecture, ayant prit le soin de récupérer son marque-page fugueur au préalable.
L’après midi fila à toute vitesse pendant que le stagiaire lisait son ouvrage psychologique, si bien que bientôt, le soleil déclina, colorant le ciel de couleurs pastels. Près de l’apprenti psychiatre, le dormeur s’éveilla, ouvrant ses yeux avec difficulté. Le jeune homme se retourna vers lui, voulant dire quelque chose, qui resta coincé dans la gorge quand il vit les yeux étranges de l’inconnu : deux yeux dépareillé, des yeux vairons. L’un était bleu alors que l’autre était… doré ? Orange ? Il n’arrivait pas trop à déterminer. Il se rendit alors compte qu’il avait vu cet homme quelque part… Mais où ?
L’homme aux yeux vairons le fixa un instant, semblant un peu gêné, sans pour autant rougir. Fronçant les sourcils, l’ex-dormeur demanda :

« Quoi… ? »

C’est à ce moment que Brent se rappela que cet homme était Siegfried Edelstein.