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 Horace Monchieri | La Proie d'une Ombre

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Horace Monchieri

Horace Monchieri


Stories : 29
Entré à l'asile le : 07/04/2013
N° de Chambre : : n°201

Horace Monchieri | La Proie d'une Ombre Empty
MessageSujet: Horace Monchieri | La Proie d'une Ombre   Horace Monchieri | La Proie d'une Ombre I_icon_minitimeMer 1 Mai - 15:09


Monchieri Horace
                 Il s'est abattu un jour sur moi, et depuis, je vis dans les ténèbres les plus noires...
Qui suis-je ? Moi-même je l'ignore. Je m'appelle Horace Monchieri, j'ai 20 ans et je suis Français. Ce sont là les seules choses dont je suis certain sur mon identité. Aujourd'hui je suis un employé à l'asile, en tant que mécanicien dans mes instants de lucidité et gardien le reste du temps. Je suis né Homme, mais je suis Ombre. Le célibat me colle à la peau, même si je dois avouer être plutôt hétéro. Mais c'est sans doute mieux ainsi...
Tu veux en savoir plus sur mon identité ? Es-tu bien sûr de ne pas le regretter par la suite ?

    ◘ Ce que j'aime, c'est la mécanique. Plus qu'une passion, c'est toute ma vie, ma raison d'être. La seule chose qui me fait réaliser qu'il reste encore en moi une petite part d'humanité.
    ◘ Je reste néanmoins toujours attaché à ce que j'aimais avant. Les petits plaisirs simples, comme vagabonder sans but, les tartes aux pommes qui me rappellent celles que me faisaient ma mère... Mais après tout ce qu'il s'est passé, même ces choses me paraissent fades. Comme s'il avait suffit d'un affreux cauchemar pour perdre goût à la vie.
    ◘ S'il y a une chose que je n'aime pas, c'est parler de moi. Une question sur mes origines, ma vie avant l'asile, et je me renfrogne. La déprime me gagne en même temps que les souvenirs affluent. Et plus aucun son ne peut sortir de ma bouche.
    ◘ Les chiens, je ne peux plus en voir. Et encore moins les setter anglais. En parler m'est aussi difficile tant cela me rappelle la pauvre bête dont j'ai causé la mort. Angus. Mon chien. Tu me manques, tu sais...
    ◘ Un sourire et un regard charmeur ne me font pas vraiment d'effet. J'ai d'autres préoccupations que l'appétit de la chair et l'envie d'avoir une dulcinée. Je ne sais pas si c'est parce que je veux protéger ceux qui m'approchent de trop près des risques qu'Il représente ou si c'est parce que je veux me préserver moi d'une autre perte.
    ◘ Je n'aime pas la nuit. Ce moment où le soleil meurt à l'horizon et où les ombres de la nuit envahissent les couloirs. Car c'est alors que je ne suis plus moi-même. Je me souviens vaguement de ce qui se passe, comme si une violente torpeur m'envahissait et d'horribles cauchemars m'assaillaient. Mais tout cela reste flou et je passe parfois des heures à tenter de me souvenir des moindres détails comme pour m'assurer de n'avoir tué personne pendant ce moment d'égarement.
    ◘ Si on me menace, si on tente de m'éliminer, Il se réveille toujours et quitte le support des murs et du sol pour se jeter sur l'origine de l'adversité. Il est dangereux. Il vaut mieux ne pas chercher à me nuire. Je ne cesse de le répéter. Rares sont pourtant ceux qui acceptent de me croire...
    ◘ Mais plus que tout, Il me fait peur. Cet être informe. Mon Ombre.


Les seules traces de mon passage...
... sont ces photos prises par un homme il y a de cela quelques années

« Je deviens fou.

Depuis ce jour-là.
Depuis la découverte.
Depuis les photos.

Pas un seul instant ne se passe sans que je n'y repense. J'ai voulu en parler à mon collègue ; il s'est foutu de moi dès les premiers mots. J'en ai fait part à ma femme ; elle m'a dit que c'était une des conséquences de la fatigue. Que je me surmenais. Que je devais aller me coucher. Mais je sais ce que j'ai vu. Comment personne ne peut me croire alors que j'ai en ma possession des preuves accablantes ?

J'ai tout vu. Absolument tout. Dans l'objectif de l'appareil photo, tandis que j'actionnais le flash à plusieurs reprises, la tête cachée dans l'ombre d'une étoffe opaque. Alors que j'immortalisais sur un morceau de papier le prestigieux scientifique et son fils devant leur demeure. Un homme qui avait, semblait-il, fait une découverte qui méritait un grand prix. Et que mon équipe de journalistes était venue interviewer. Il devait faire la une du Parisien. C'était tout ce que je savais.

Mais bien sûr, personne ne veut me croire. Même moi, je n'y revenais pas au départ. Je pensais avoir rêvé. Ou que c'était mon imagination qui me jouait des tours. Et puis, j'ai enduit les photos du liquide. Et les images sont apparues, devenant une garantie de tout ce que j'avais cru voir. C'était bien réel. Je n'étais pas fou. Mais cette découverte va bien finir par me faire perdre la raison.

La première photo est de loin la plus normale. Le scientifique se tient à la gauche, en blouse blanche -comme s'il s'agissait là du cliché le plus commun de l'homme de science. Il porte la barbe, brune à ce que je me souviens, comme ses cheveux encore bien fournis. Et puis, les lunettes posées sur son nez, masquant les cernes de ses yeux chargés de fatigue. Il avait passé de nombreuses heures à travailler. De nombreuses nuits blanches pour mener à bien son projet.

Mais ce n'est pas sur lui que s'attarde mon regard. Mes yeux parcourent un peu plus l'adolescent qui se tient à la droite de l'image.

Il est grand et maigre, dépassant son père de presque une tête. Mais son attitude avachie, les épaules courbées, démontre son enthousiasme quant à la situation. Il n'est pas ravi d'être là, devant l'objectif, ça, c'est certain. Sa fine silhouette est enveloppée de vêtements simples. Une chemise rentrée dans un pantalon. Mais cela ne lui sied guère. Il semble mal à l'aise dans ces vêtements, comme s'il est à l'étroit. Il faut dire que son attitude nonchalante tranche particulièrement avec ces habits de haute couture. C'est comme s'il n'avait pas l'habitude de porter de telles étoffes. Ou qu'il n'aimait pas. A vrai dire, je l'ignore.

Son visage n'est guère plus ravi que son attitude même. Il fait une moue boudeuse, et son regard baissé est dirigé ailleurs, vers le côté. Comme s'il fuyait l'appareil. Comme s'il évitait le flash de lumière. Les deux iris sombres et fuyants se perdent sous ses cheveux ébènes décoiffés, qui parcourent son front allègrement sous la brise.

Pourtant, je l'avais vu rire, peu avant qu'on ne commence à prendre les photos. Pendant qu'il jouait avec son chien. Un beau setter anglais tricolore qui, si j'en crois ce que j'avais entendu, portait le nom d'Angus. Brave bête. Grâce à sa présence pleine de joie, le visage pâle du garçon était différent. Tellement plus lumineux. Son regard s'était éclairé de vie et ses lèvres fines s'étaient étirées en un large sourire. Oui, il nageait dans le bonheur l'instant d'avant. Je m'en souviens parfaitement.

Mais dès qu'on l'avait fait venir devant l'appareil, tout avait volé en éclat. Un masque de neutralité s'était d'un coup abattu sur ses traits, qui avaient aussitôt perdus de leur vivacité. Comme si une ombre menaçante avait chassé toute sa lumière. Ç'avait été instantané. Il fallait croire que ce garçon n'aimait juste pas être pris en photo.

Un soupire m'échappe. J'ai de la peine pour lui quand je repense à ce qui s'est passé. Un frisson parcourt mon corps alors que mes yeux s’égarent sur ce qui se cache derrière lui. Une trace sombre. Grande. Trop grande pour être l'ombre du jeune homme. Qui entache le cliché. Le raye de part en part. Comme un parasite. Comme une menace. Une menace qui m'effraie.

Les mains soudain tremblantes, je me force néanmoins à jeter un œil nouveau sur les autres photos. Les pires selon moi.

Les deux hommes n'ont pas bougé, et pourtant, chacune est différente. Car c'est cette trace noire qui change à chaque fois. Grandissant tout d'abord jusqu'à dominer l'adolescent. Puis l'engloutissant tout entier, le recouvrant de la tête aux pieds. Et enfin disparaissant peu à peu. Comme si elle était entrée en lui. Cette pensée me fait trembler de tout mon corps. Je ne peux me retenir de jeter un coup d’œil derrière moi. Par peur qu'une ombre similaire à celle-ci ne se trouve sur le mur de ma chambre. Mais il n'y a rien. Et pourtant, je ne suis guère rassuré.

C'est alors que le dernier cliché apparaît à mes yeux élargis par la crainte, achevant de me terroriser. Un cliché raté, complètement flou du côté droit. Je me souviens de ce moment là. Le garçon était parti en courant. Comme ça, d'un coup. Mais malgré ce mouvement soudain qui gâche la photo, chaque fois que je la regarde, je suis persuadé de voir un air mauvais parcourir sa tête toute entière. Un large sourire effrayant fendant le bas de son visage. Comme s'il avait été possédé d'un coup.

Un fantôme. Ce ne pouvait être que ça, quand j'y repense. Si personne ne me croit, c'est parce que je suis le seul à avoir vu tout ceci. Et si j'ai été témoin, c'est à cause de l'appareil photo. Un fantôme. Je ne suis pourtant pas superstitieux. Qu'est-ce qui me fait croire à une telle explication ? Sans doute que c'est parce que je n'en ai point d'autres. Que la situation est bien trop surnaturelle pour être liée à autre chose.

Mais une chose est sûre, maintenant, j'ai peur. »
Journal intime d'Arthur Sarreil,
Photographe du Parisien

Sous mon visage humain...
... se cache un cœur de pierre et une ombre sournoise

« Ma chère Éléonore,

Tu avais raison. Pour tout. Je m'orientais vers des dangers que je n'imaginais pas possibles, et que toi-même ne soupçonnais pas à l'époque. Je viens de commettre la plus grosse erreur de toute ma vie. Et la culpabilité me ronge à petit feu. Surtout depuis que j'ai perdu notre fils Horace.

Il n'est pas mort, je te rassure. Mais il n'est plus le même et a quitté la maison pour partir je ne sais où. J'aurais du t'écouter. Bon sang, j'aurais du t'écouter. Horace aurait été épargné par tout cela. Il serait resté le garçon innocent d'autrefois.

Tu te souviens comment il était, n'est-ce pas ? Très curieux de la vie, aimant aller vagabonder dans les rues de la ville. Une vraie pile électrique, incapable de rester en place. Il fallait toujours qu'il bouge ou qu'il touche à tout. Et l'indépendance. Ô qu'est-ce qu'il aimait ça. Je me souviens, quand on voulait lui tenir la main pour nous rendre à un spectacle, et qu'il la repoussait pour partir devant et découvrir avant nous toutes ces merveilles. Dès son plus jeune âge, il n'aimait pas être guidé ; il préférait être guide. Il n'aimait pas qu'on lui dicte sa conduite ; il préférait être son propre maître. C'était tout lui, ça. Et c'est peut-être la seule chose qui n'a pas changée.

Tu te souviens aussi de sa passion, je suppose. Un vrai petit bricoleur. Il avait toujours aimé comprendre le fonctionnement des choses. Les démonter pour en voir tous les engrenages avant de tout remonter. Comme cette vieille horloge qu'on avait dans notre maison. Tu sais qu'avant de partir, il allait chez tous nos voisins pour réparer ce qui ne fonctionnait plus ? Je t'assure, un vrai champion ! Et il faisait preuve d'une grande intelligence dès qu'il s'agissait d'objets complexes. Ah ça, il était vraiment passionné.

Et puis, il respirait la joie de vivre et la naïveté, même. Enfin, ça, c'était avant que tu ne nous quittes. Non pas que je veuille te faire des reproches. Je suis bien plus à blâmer que toi. Mais il faut dire la vérité : l'absence d'une présence maternelle lui a beaucoup pesé. Il est devenu beaucoup plus méfiant que quand tu étais encore là. Et beaucoup plus téméraire aussi. Il avait oublié tous les dangers et partait à la découverte des alentours, même de nuit. Il s'était renfrogné, se renfermant un peu plus sur lui-même. Même si la présence du chien que tu lui avais laissé améliorait un peu son humeur générale. Mais finalement, il restait plus ou moins égal à lui-même.

Mais tout a changé, maintenant. Depuis que j'ai cédé à une de ses demandes concernant mes expériences. Éléonore, je m'en veux. Parce que j'ai réussi. J'ai mis fin à mon plus grand projet. Et je lui ai offert la possibilité d'avoir une ombre vivante lui aussi. Sauf que ça l'a changé. Ça l'a beaucoup trop changé. Je ne le reconnaissais plus ces derniers temps.

C'était comme si tous les sentiments négatifs s'étaient rassemblés en lui en un rien de temps. Colère. Haine. Sadisme. Il faisait même preuve d'une sournoiserie que je ne lui soupçonnais pas. Mais il arrivait que, parfois, il redevienne lui-même, ce côté effrayant s'estompant sous ses expressions habituelles. Même si ce n'était que passager. Mais je te jure, quand il m'a regardé l'autre jour, j'ai eu vraiment peur. Il m'a lancé un regard meurtrier, comme s'il rêvait d'être débarrassé de moi... Ce qu'il est maintenant, d'ailleurs. Puisqu'il a fait ses bagages et s'en est allé sur les routes, totalement seul.

Il y a encore tellement de détails que j'aimerais te raconter et qui ne se disent pas dans une lettre. Tu recevras sans doute ce morceau de papier avant que je n'arrive. Alors, je tiens à te prévenir que je viendrais te voir aussi vite que possible. Je dois tout t'expliquer de vive voix, et ce, depuis le début. Tu ne dois rien ignorer.

Mais avant tout, j'ai quelque chose de plus important à faire. Je pars à la recherche d'Horace. Je ne peux le laisser seul trop longtemps, d'autant qu'il est devenu instable. Il faut que je le retrouve et que je fabrique un antidote. Ensuite seulement, nous nous verrons. Mais ne t'inquiète pas, je te promets de trouver une solution. »
Lettre d'Oscar Monchieri
à Éléonore Montauban

Si je suis né, c'est grâce à lui...
... grâce à toutes ces expériences qu'il a faites au cours de sa vie

Jour 1

Voilà, nous y sommes. Aujourd'hui est le premier jour de l'accomplissement de mon travail. C'est ici, dans ce laboratoire, que je vais commencer à prouver au monde entier que mes nombreuses théories sur les ombres sont véridiques. Je vais montrer à tous ces ignorants de quoi je suis vraiment capable. Que je ne suis pas un membre d'une sectes aux croyances douteuses, mais bien un scientifique de renom.

Horace, mon fils, m'a conseillé de tenir ce journal pour y inscrire tous les résultats que j'obtiendrais et tous les échecs que je rencontrerais. C'est un garçon intelligent et cette nouvelle idée est vraiment excellente. Ainsi, je ne risque pas d'oublier ce que j'ai déjà fait et ce qu'il me reste à accomplir. Et s'il m'arrive de douter de mes propres convictions, ce carnet me rappellera pourquoi je fais tout cela.

Éléonore, ma belle, ma douce. Tu regretteras de nous avoir abandonnés, ton fils et moi. Tu me croyais fou. Mais je ne le suis pas. Et ce carnet te le prouvera, un jour ou l'autre. Je te le promets.


Jour 45

Rien. Depuis que j'ai commencé, je ne fais que me heurter à un mur. J’enchaîne échec sur échec. Chaque fois que j'essaye une nouvelle lotion, il ne se passe rien.

Mais ce n'est que le début de l'aventure. Je le sais bien. La France actuelle ne s'est pas créée en un jour. Il faudra que je prenne mon mal en patience et que je trouve ce qui ne fonctionne pas.

Ce doit être un des ingrédients employés.


Jour 128

J'ai eu aujourd'hui la plus grande déception de toute ma vie. Enfin, après le départ d'Eléonore.

J'ai cru avoir réussi. J'ai pensé avoir touché au but. Là, sous mes yeux, une ombre se mouvait. Je l'avais vu s'étendre et découper un carré de lumière au sol. Mais ma joie fut de bien courte durée.

Parce que j'ai entendu la voix de mon fils l'instant d'après, qui me demandait de l'aide pour réparer je ne sais quel objet. Et quand j'ai levé les yeux, je l'ai vu sur le pas de la porte. C'était lui la cause du mouvement. En ouvrant le battant de bois, il avait fait entrer la lumière. Je me suis emballé trop vite.

Pardon Horace. Pardon d'avoir été aussi sec avec toi aujourd'hui. Je ne voulais pas passer mes nerfs sur toi. Pardon de te laisser grandir tout seul. Pardon de faire passer mes recherches avant toi. Mais un jour, quand tu verras ma réussite, quand je t'expliquerais tout, alors peut-être que tu comprendras.


Jour 226

Toujours rien. Je commence à désespérer. Peut-être que le problème ne vient ni des ingrédients ni des quantités. Peut-être que ce n'est qu'une question de cuisson.


Jour 378

Ça y est, la chance me sourit enfin ! Après des mois et des mois d'expériences ratées, de recherches infructueuses et de nombreux produits fabriqués, j'ai enfin des résultats concrets.

Je n'y croyais plus lorsque je me suis lancé ce matin dans la concoction d'un nouveau liquide. Un de plus, me disais-je alors. Un autre qui ne donnerait rien. Et pourtant... Si j'avais su que laisser la porte ouverte par inadvertance allait me permettre de faire la découverte du siècle, je l'aurais fait bien avant !

Sacré Angus ! Ce bougre s'est faufilé dans mon laboratoire pendant que j'avais le dos tourné. Il a foncé sous la table en donnant des coups dans l'un des pieds. Le meuble s'est ébranlé et le flacon que je laissais mijoter a fini par se renverser. J'allais m'énerver, crier après cette pauvre bête et engueuler mon fils pour l'avoir laissé s'approcher de mes locaux. Mais heureusement, je l'ai vu avant de faire une grosse erreur.

Le liquide s'était écoulé sur l'ombre d'une plante que j'avais laissée sur la table en bazar. Et alors, je n'en ai pas cru mes yeux. Je crois même que je ne réalise pas encore tout à fait l'ampleur du résultat obtenu. C'était incroyable. Magique. Irréel. Mais pourtant tellement vrai.

Sous mes yeux effarés, j'ai vu l'ombre des bourgeons s'étendre petit à petit, devenant lentement branches, feuilles, et même fleurs. En un rien de temps, le petit arbuste qui se trouvait là, dans son pot, est devenu un véritable arbre avec un tronc épais et un immense feuillage ! Si le végétal en lui-même n'avait pas bougé d'un pouce, son Ombre s'était transformée, nous laissant voir ce que donnerait cette petite plante dans de nombreuses années.

Mais bien sûr, le miracle n'a pas opéré bien longtemps. Bien vite, les changements se sont rétractés, allant dans le sens inverse. Les fleurs ont fanées avant de disparaître. Les feuilles sont tombées. Et les branches se sont mises à pourrir pour se volatiliser. En un rien de temps, tout était redevenu comme avant. Sauf que j'avais été le témoin de ce spectacle et que je ne l'oublierai pas de sitôt.

Je sais maintenant que mes recherches ne sont pas vaines. Je ne suis pas un de ces scientifiques allumés qui s'imaginent des choses impossibles. J'avais raison de croire que les Ombres pouvaient être indépendantes de ce qui les faisait. Que je pourrait leur rendre cette indépendance qui leur avait été ôtée. Ce n'était pas une théorie fumeuse. J'en suis maintenant convaincu.

Mais le mélange n'est pas encore assez stable pour durer. L'ombre ne peut échapper bien longtemps à son maître consistant. Il faut que je travaille encore un peu plus ce mélange et que je l'essaye sur un être vivant.


Jour 393

Depuis cette victoire inespérée qui m'a littéralement rempli de joie, j'ai enchaîné réussite sur réussite. D'abord sur des dizaines d'objets inanimés. Et maintenant, sur des rats. Je ne saurais décrire parfaitement ce qui s'est produit dès l'instant où j'ai versé le contenu d'un flacon sur la trace sombre qui partait de l'animal. Mais c'était fabuleux.

L'ombre même s'est détachée du corps de chair pour se mouvoir librement. Elle a commencé à courir sur la table, puis sur les murs avant de sortir de la pièce en filant sous la porte. Je l'ai suivie des yeux en simple spectateur, jusqu'à ce qu'elle disparaisse entièrement. A la fois interloqué et ravi. C'était un grand pas en avant pour la science. Je le pensais. Je le savais.

Mais il reste encore des détails à revoir. Quand je me suis tourné à nouveau vers le rat pour voir comment il vivait cette étrange disparition, je l'ai retrouvé mort. Un être vivant ne peut vivre sans son ombre. Je n'y avais jamais songé, mais cela me semble désormais évident.

C'est certain, maintenant, je sais que je suis dans la bonne voie, mais il manque encore quelque chose. Mon élixir est imparfait parce qu'il ne prenait pas en compte ce nouveau facteur. Je vais devoir revoir certains points de mes théories.


Jour 432

Cela fait maintenant un an et un peu plus de deux mois que je travaille sur ce projet. Et j'ai incroyablement bien progressé ces derniers temps. Pour être honnête, j'en suis maintenant à l'essai sur l'homme. Demain, je serais mon propre cobaye.

J'ai peur. Mais en même temps, je suis excité. Je serais le premier à avoir une ombre vivante. Mais aussi le premier à en subir d'éventuelles conséquences.

Les améliorations que j'ai apportées au produit initial ne tuent plus les êtres vivants. C'est déjà un bon point. Les rats et les chiens ont très bien supporté l'absence partielle de leur ombre. Partielle, en effet. Car maintenant, l'ombre ne quitte plus entièrement son hôte. Elle laisse derrière elle un léger disque sombre qui se trouve autour des pattes de la bête et permet ainsi de la maintenir en vie le temps de sa promenade. Et l'ombre ne part jamais bien longtemps, elle finit toujours par revenir.

Le résultat devrait être le même pour moi. Il n'a pas différé entre les rats et les chiens. Au moins, je saurais très vite si quelque chose ne tourne pas rond.

J'ai réussi à améliorer mon élixir jusqu'à le rendre durable ! Même après une dizaine de jours, on continue à avoir des va et vient d'ombres dans la maison. Angus ne cesse de grogner. Je crois qu'il n'aime pas ça. Mais Horace, lui, est littéralement fasciné. Il s'est mis en tête de m'aider dans mes expériences et veut lui-même avoir une ombre vivante. Mais je lui refuse pour le moment. Ce sera non tant que je n'aurais pas la confirmation que tout se passera bien pour lui. Je ne veux pas mettre la vie de mon fils en danger.


Jour 433

C'est fabuleux. Juste fabuleux. L'expérience a été un succès. Pas un seul picotement, pas une seule douleur. Même pas une migraine pour entacher ma bonne humeur. J'ai très bien vécu la mise en mouvement de mon ombre. Et je le vis toujours très bien.

Elle a d'abord visité les lieux. C'est ce qu'Horace m'a dit. Ce garçon l'a suivie pour m'aider, au cas où il y aurait des complications. Comme ça, je pouvais rester dans mon laboratoire. Elle n'a pas tardé à revenir, d'ailleurs. Et s'est mise à faire des choses vraiment incroyables ! Outre les mouvements et le langage des signes qu'elle faisait pour tenter de converser avec nous, elle a carrément réussi à prendre forme en dehors des murs et du sol pour se matérialiser devant moi.

Dommage que tu n'aies pas vu ça, Horace. C'était fantastique, vraiment. Mais je comprends que tu aimes autant bricoler à tout va. Tu as bien fait d'aller aider le voisin à réparer sa tuyauterie. Il en avait besoin, et toi, c'est ta passion. Et puis, tu auras d'autres occasions de voir ça. Je suis sûr qu'au dîner, ce soir, tu la verras debout face à toi. Ce n'est qu'une question de temps.

Et quand j'aurais la certitude que tout se passera pour le mieux pour toi, alors, je te ferais vivre cette expérience inédite. Tu as ma parole.


Jour 451

Mon Ombre a disparue. Enfin, elle est toujours là, mais elle est fade, atténuée. Elle a perdu sa vie éphémère, on dirait. Ça me rend triste. Je m'étais attaché à cette entité. Elle égayait mes journées. Hier encore, elle se promenait dans la maison. Mais aujourd'hui, plus rien.

Je pensais que ce n'était que momentané, mais j'ai ensuite vu les rats et chiens sur lesquels j'avais expérimenté le produit avant moi. Eux aussi se retrouvaient seuls, abandonnés par leur ombre. J'étais tellement accaparé par la mienne que je ne m'en étais pas rendu compte. Alors j'ignore tout à fait depuis combien de temps c'est ainsi.

Je vais encore perfectionner mon produit. Je sais que je peux réussir. Je touche au but.


Jour 487

Joyeux anniversaire, Horace ! Tu commences à devenir un grand maintenant, du haut de tes 15 ans. Tu m'as même dépassé ! Je vois que mon cadeau t'a beaucoup plu. Tu es parti jouer dehors avec ton chien et ton ombre pendant que j'écris ces mots. Depuis le temps que tu attendais ça, j'ai fait exprès de tout retarder jusqu'à ce jour spécial pour toi. J'espère que tu en profiteras à fond et qu'elle deviendra encore plus spéciale pour toi.

L'élixir a atteint la perfection désormais, je le sais. Cela fait plus d'un mois que mon Ombre bouge sans aucun problème. Elle a même commencé à aider aux tâches de la vie quotidienne. Sa présence me rappelle un peu celle d’Éléonore, quand elle était encore là, auprès de toi. Auprès de moi. Je ne m'attendais pas à un tel résultat.

Une équipe de journalistes du Parisien viendra demain pour une interview exclusive. Je compte sur toi pour me soutenir auprès d'eux. Je dois leur montrer le fruit de toutes mes recherches. Et j'ai plus que hâte !


Jour 489

Je me demande encore ce qui s'est passé hier. Pourquoi es-tu parti en pleine séance photo sans rien dire ? Ça ne te ressemble pas, Horace. Je ne te comprends plus. Et on dirait bien que tu as terrorisé le photographe. Il a poussé un cri quand tu as quitté la rue, et il n'a pas été capable de nous dire le moindre mot sur ce qui s'est passé. Ou plutôt si, mais il avait l'air d'être devenu fou, à seulement nous parler de « chose noire » et de « spectre ». C'est à n'y rien comprendre. Et à cause de tout cela, l'interview a été repoussée.

Tu n'es revenu que ce matin, après avoir passé la nuit dehors. Sans une seule explication. Et quand je t'ai questionné, tu m'as littéralement envoyé promener. Ton comportement avait complètement changé. Tu n'étais plus le même. Je me souviens encore de ton regard meurtrier qui m'avait glacé le sang. Et ça a duré ainsi toute la journée.

Tu as fait des allées et venues incessantes dans la maison d'un air absent. Et chaque fois que je voulais t'interrompre, tu m'agressais, que ce soit avec ton regard ou avec les mots secs et empoisonnés qui s’échappaient de ta bouche.

Mais ce n'était pas la seule chose bizarre qui émanait de toi. J'ai très bien vu le petit halo sombre qui encerclait tes jambes. Et ton Ombre, elle, je ne l'ai pas vue. Je me demande où elle est passée.

Enfin, Horace, s'il-te-plaît, ne reste pas comme ça. Parle-moi, explique-moi tout ! Je veux comprendre.


Jour 490

Le doute m'envahit de nouveau. Je ne sais plus que penser. Éléonore, je crois que je me suis trompé. Tu avais raison, en fin de compte. J'étais fou. Fou de penser au bien fondé de mes recherches. Fou de penser que les ombres ne représentaient aucun danger.

Je suis désolé, Horace. Je sais à quel point tu tenais à Angus. Tu aimais véritablement ce vieux chien. J'aurais du plus vous protéger et vous épargner, lui et toi. Mais jamais je n'aurais pu imaginer qu'une telle chose se produirait. J'ignorais totalement l'existence de tels effets secondaires, je te le promets.

Dire que je pensais les soucis partis quand tu étais redevenu toi-même, ce matin. Mais je me trompais une fois de plus.

Je me souviens encore de ton regard quand tu as vu la scène. Quand tu as regardé ton Ombre dévorer celle, inerte, du setter anglais. C'était particulièrement horrible. Mais le pire dans l'histoire étaient les cris de souffrance que poussait le chien tandis qu'une partie de lui se faisait engloutir. Le supplice ne prit fin que lorsqu'il ne resta plus aucune trace sombre sous la fourrure de l'animal. Mais le mal était fait. Angus était mort.

On l'a enterré dans le jardin. Sans cérémonie. Parce que ni toi ni moi ne trouvions les mots à dire. Pas après un tel massacre. Je crois que je n'ai jamais vu une expression aussi vide sur ton visage. Je m'en veux terriblement, tu sais.

Mais il y a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi toi ? Pourquoi pas moi ? La réponse m'échappe. Nous avons pourtant utilisé le même produit. J'ai préparé ton élixir de la même façon que le mien, j'en suis certain. Avec des mois d'écart, certes, mais après le même délai entre la confection et l'utilisation. J'en suis certain. Alors pourquoi ?

La seule différence est que moi, j'avais déjà expérimenté un produit différent sur mon ombre. Cela l'a peut-être rendue plus docile. Moins indépendante. Je l'ignore. Mais je ne pense pas que ceci en soit la cause. Ce serait bien trop étrange...


Jour 491

Horace est parti.
Extraits du journal scientifique
du professeur Oscar Monchieri

Et toi qui te cache derrière le personnage, qui es-tu ?

On te surnomme Nonam Crevette. Tu as 20 ans. Tu as choisis comme personnage d'avatar Gareki [Karneval]. Tu seras présente [5/7 j] en moyenne, mais un peu moins pour ce qui est des RPs. Et pour terminer, ce que tu penses du forum est Dior, J'adore ♥ C'est bien sombre à souhait !

Spoiler:
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Anne O'nyme
Admin
Anne O'nyme


Stories : 52
Entré à l'asile le : 09/03/2013

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MessageSujet: Re: Horace Monchieri | La Proie d'une Ombre   Horace Monchieri | La Proie d'une Ombre I_icon_minitimeMer 1 Mai - 15:28

HORACE ♥ *o*

Bon eh bien déjà tu sais ce que je pense de base de ton personnage ma poulette. Mais je ne me lasserai jamais de dire que j'adore ton personnage et qu'il est juste trop magnifique. Voilà. C'est dit. Again.

Sinon pour ce qui est des petites libertés que tu as prises quant au modèle, cela ne me dérange pas du tout ! Surtout que cela rend très bien comme tu l'as fait et que.... je suis fan de ta fiche maintenant. #pan



Félicitations ! Te voilà Validé !


Maintenant, il ne te reste plus qu'à régler quelques petits détails :

- Faire une fiche pour y répertorier tes liens et tes RPs : ici

- Faire une demande de Rp :

Maintenant, à toi de jouer ! Et je te souhaite pour terminer, un très bon séjour à Northanger Asylum~♥
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https://northanger-asylum.forumactif.org
Horace Monchieri

Horace Monchieri


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Horace Monchieri | La Proie d'une Ombre Empty
MessageSujet: Re: Horace Monchieri | La Proie d'une Ombre   Horace Monchieri | La Proie d'une Ombre I_icon_minitimeMer 1 Mai - 15:34

Mirchiiiiiii ♥️ Ça me fait plaisir que ça te plaise comme ça ~(°u°~)

Owiiii les libertés sont acceptées ! \o Mais si tu veux, tu peux en reprendre l'idée, hein, c'est pas interdit Wink

Sur ce, je vais faire toute la paperasse qu'il reste \o Enfin... Après ce que je dois déjà faire comme je sais pas moi... Finir la PA ? Wink
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Anne O'nyme
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Anne O'nyme


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MessageSujet: Re: Horace Monchieri | La Proie d'une Ombre   Horace Monchieri | La Proie d'une Ombre I_icon_minitimeMer 1 Mai - 15:40

Héhé..

Je me dis que je vais laisser le modèle de base comme il est, et que les gens l'adapteront à leur guise comme tu viens de le faire. En soit, ça ne me dérange pas ! Tout ce que je veux, c'est qu'ils conservent le design èè

Et owiiii une PA ! *o*
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MessageSujet: Re: Horace Monchieri | La Proie d'une Ombre   Horace Monchieri | La Proie d'une Ombre I_icon_minitime

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